Mes réflexions et mon parcours professionnel m’ont amené à m’interroger sur les jalons d’une éthique de l’intelligence artificielle. Non pas l’éthique face à l’usage des machines mais une morale intrinsèque à la machine. Autrement dit, je m’interroge sur la possibilité, voire la nécessité de coder l’intelligence artificielle. Cette dernière prend rapidement beaucoup d’ampleur et l’extrême fascination que nous avons pour elle nous empêche de voir la place qu’elle prend petit à petit dans notre quotidien. Progressivement, sinueusement, l’émergence d’une morale parallèle, codée, se propage dans nos vies. Quel sens pourrait avoir une telle morale? Quels objectifs, quelle finalité?
La morale traditionnelle se trouve ébranlée, car les limites du pouvoir et du savoir sont dépassées tous les jours un peu plus. Cette intelligence nous aide à prendre des décisions plus éclairées, à améliorer la performance de nos machines, mais elle nous transforme bien plus que nous pensons. Si le moteur est une expansion de notre force physique, l’intelligence artificielle est une expansion de notre cerveau.
Pour exemple, nous pouvons déjà voir comment la mémoire à court terme se trouve de moins en moins sollicitée grâce aux outils de recherche de notre téléphone toujours à portée de main. Nos fonctions cognitives s’en trouvent petit à petit transformées.
Cette intelligence artificielle nous amène bien au-delà de nos propres capacités. C’est le progrès, et il avance à une folle vitesse. Devant ce phénoménal mouvement, nous pouvons nous interroger sur le sens ou la finalité de cette intelligence. Il est dans notre devoir d’orienter le progrès en faveur du Bien Commun. Mon interrogation ici concerne le pouvoir décisionnel. En d’autres termes, je me demande quel est l’impact de l’intelligence artificielle sur notre faculté de prendre des décisions. Et plus encore, dans quelles mesures l’intelligence artificielle possède-t-elle un pouvoir décisionnel?
Je souhaite débuter mes réflexions sur les différents types d’intelligence afin de bien différencier l’intelligence animale, l’intelligence humaine et l’intelligence machine (ou artificielle). Pourquoi l’intelligence animale? Car en examinant ses limites et ses fondements nous pourrons mieux distinguer les limites et fondements de l’intelligence artificielle. Au cœur de ma réflexion, et à la suite de mon Mémoire de maîtrise, c’est la fonction de l’imagination qui nous permettra de poser les jalons de l’intelligence artificielle. Nous verrons comment l’imagination, intrinsèquement liée au corps, joue un rôle fondamental dans la déduction et nous aide à prendre des décisions en faveur de notre bien-être et de notre survie.
Nous nous poserons la question de savoir dans quelle mesure l’intelligence artificielle s’apparente à notre conscient, mais diffère immensément de notre inconscient. Ainsi, alors que l’animal semble partager avec nous la dimension émotionnelle de l’intelligence, qu’en est-il de la machine?
Examiner les limites de chacune de ces intelligences nous permettra de mieux les comprendre. J’orienterai ma recherche sur l’aspect décisionnel de ces types d’intelligence afin de mieux les comparer. Cette étude nous permettra de réfléchir sur la dimension éthique de ces fonctions.
Alors que l’éthique de l’animal s’intègre dans une logique de survie, que celle de l’homme s’intègre dans une logique de survie et de bien-être, qu’en est-il de l’intelligence artificielle? Pouvons-nous imaginer une éthique logique de l’intelligence machine qui serait supérieure à l’intelligence artificielle? Une éthique qui serait en mesure de prendre de BONNES décisions dépourvues d’émotion? Là où un humain serait dans un dilemme paralysant, la machine peut-elle trancher pour le Bien Commun?
Comment pouvons-nous l’orienter vers le Bien Commun? Comment l’intelligence artificielle se positionne-t-elle par rapport au Bien Commun? Dans quelle mesure, l’intelligence artificielle pourra-t-elle un jour avoir un pouvoir décisionnel et quels en serait les impacts?